lundi 22 février 2010

Fuji Yama, ou le sentiment divin d'une renaissance

Bon accrochez vous à vos baskets parce que je m'apprête à vous envoyer, non pas au 7ème, mais au 9ème ciel qui se trouve être à 3776m d'altitude ! (Vous comprendrez plus tard pourquoi 9ème...)

[Edit : Voici la photo du Mont Fuji vu de l'espace et prise en photo par l'astronaute Japonais Soichi pour son 100ème jour en orbite, le 30 Mars 2010 (publiée via son twitter)]


Si vous vous rappelez bien la dernière étape relatée était celle de Kamakura et Zushi beach, et notre plan d'action était de quitter le niveau de la mer pour aller titiller les nuages du célèbre Mont Fuji. Départ prévu pour 17h le lendemain, une nuit à grimper pour admirer le lever de soleil du sommet puis redescente. Autant dire qu'il valait mieux être en forme !
Nous avons donc décidé de nous coucher à 4h du matin - après avoir regardé un bon petit Miyazaki pour continuer notre série - histoire de décaler la nuit le plus possible vers l'heure du départ.

Malheureusement, 10h du matin, le soleil filtre à travers les rideaux et nos paupières finissent par se résigner à le laisser passer également. Damned ! Nous nous sommes fait eu ! 6 pauvres heures de sommeil après la soirée de la veille, ça paraît bien peu, surtout en pensant au froid et au 7 heures de grimpette qui nous attendent ! Tant pis il faut y aller...
Le temps de se rejoindre, de trouver l'agence de location de voiture et de remplir quelques formalités et nous voilà (Vincent au volant, Thibault en co-pilote, Alex, Ryota, Céline et moi) dans une Toyota étincelante fonçant tout droit vers le toit du Japon.



La route en elle-même nous réserva déjà son lot de surprises à commencer par une petite mélodie ! Vous connaissez les bandes sonores sur le cotés des autoroutes qui produisent un son lorsque vous roulez dessus ? Eh bien là c'est pareil mais avec différentes tonalités et sur toute la surface de la route si bien qu'en avançant vos pneus se mettent à pousser la chansonnette ! La deuxième fut un peu moins agréable : nous avions choisi de louer une voiture pour économiser (à 6 c'est plus rentable que de chacun prendre le bus). Habile me direz-vous, sauf qu'on ne savait pas qu'en période d'affluence (comme cette journée du 16 août 2009 par exemple) les routes menant au mont Fuji sont coupées pour les voitures et que seuls des bus peuvent vous conduire à destination...

Le mont Fuji se décompose en 9 paliers (ça y est vous comprenez ? ;p), le premier tout en bas et le dernier étant le cratère (oui bande d'ignares, Fuji est un volcan ! En fait le Japon tout entier est plus ou moins un volcan ["=_=]...). Le bus nous mène au 5ème pallier, où commencera l'ascension. J'entends déjà les ricannements genre "pfff les p'tits joueurs..." Mais à ma connaissance tout le monde commence de là. Nous descendons donc du bus et agrémentons nos T-shirts - largement suffisants au départ - de quelques pulls et blousons (mode Quechua enclenché). Un petit repas, un tour au toilette, fixage de la lampe frontale, c'est bon nous pouvons y aller.



Temps mort.

Je pense qu'il est bon de préciser quelques petites choses... Vous le savez : les japonais sont disciplinés et organisés. Vous vous en doutez : Fuji attire du monde. Ce que vous ne savez peut être pas encore c'est que les japonais font la queue en rando et que les sentiers sont délimités avec des chaines ! Résultat : sur la montagne se dessine un long serpentin de petites loupiottes sous lesquelles des gens tous âges et de toutes origines grimpent en haletant. Car oui dans persones agées aussi bien que des bambins font partie du lot - et c'est d'ailleurs assez impressionnant vu l'épreuve que représente l'ascension à laquelle il ne faut pas oublier d'associer la descente (on y reviendra). Bref il en résulte une circulation de plus en plus bouchée à mesure que l'on approche du sommet où tous les chemins se rejoignent et 2 files se créent : l'une, patiente, composée essentiellement japonais et l'autre composée de Gaijins qui crapahutent pour dépasser la première... Le Fuji est décidément bien représentatif du pays qu'il domine !



Reprenons.

Nous prenons donc le chemin qui à notre grande surprise commence par descendre et se décide à monter. Le sentier est large, bien délimité et des marches improbables sont disséminées de-ci et de-là à grand renforts de planche en bois et tige en fer. Un soin tout particuliers a d'ailleurs été porté à ce qu'aucune d'elles ne fasse la même taille ou inclinaison, mais bon nombre d'escaliers nippons possèdent également cette caractéristique. Nous grimpons et grimpons encore franchissant les étapes, chacune nous mettant plus de baume au coeur mais chaque nouveau départ se fait plus rude. Le froid gagne en intensité, surtout pour les malheureux qui sont venu en short, certains que monter Fuji ne représentait rien de plus qu'une longue ballade au coeur de l'été. L'air se raréfie, renforçant l'impression de fatigue renforçant, elle, celle de froid contre laquelle nous luttons désepérément à coups d'Onigiri (boulette de riz enveloppé dans une algue) et de barres céréales, faute de mieux. Et à force de monter, un changement s'opère. Le sentier caillouteux n'est plus et c'est maintenant une falaise inclinée qui se dresse devant nous. Les prises sont moins glissante et l'ascension s'accélère d'autant. La marche se rapproche de l'escalade et nous nous demandons tous plus ou moins comment font les papis que nous avons doublés.



Nous montons toujours et chaque étape nous incite à nous arrêter avant que le froid ne nous fasse repartir. Les quelques panneaux disséminés affichant l'altitude sont autant de victoires à mettre à notre actif. Nous rencontrons au détour d'un lampadaire salvateur - car synonyme de chauffage - un américain (je crois) venu à l'improviste en short/t-shirt ! Suicidaire ? Fou ? Véritable héro ? Impossible de se mettre d'accord. Nous approchons du sommet. On le sait. Non pas parce qu'on le voit (il fait nuit ne l'oublions pas et nos frontales ne sont pas si puissantes), pas vraiment non plus grâce aux étapes/plans/panneaux car leur façon de compter les étapes nous échappe complètement. Non. C'est plutôt l'attente qui nous le fait dire. Chaque pas se distingue du précédent par une attente de quelques minutes. Nous faisons la queue comme un samedi matin derrière les retraités à auchan, à la différence près qu'ils sont ici équipés sport. La fatigue n'a plus lieu d'être (on a dépassé ce stade), le froid, lui, est toujours là à nous mordre la chair. Pas après pas nous montons. Rester sur place nous fatigue plus encore que de monter. Nos pieds souffrent et réclame l'indulgence mais nos esprits sont rivés sur cet objectif : atteindre le sommet avant que ne se lève l'astre du jour.

Quand soudain..........




Mon Dieu ! Le soleil ! Il arrive ! Fuji, attends nous !

Plus vite que nous l'aurions imaginé le ciel s'éclaircit. Il faut monter. Vite ! Tout le monde s'active, se presse, et la file d'attente n'attends plus. Nous arrivons à un petit surplomb avec de la place et nous y installons. Nous sommes juste sous le Tori qui marque le sommet et OH JOIE le soleil n'est pas encore là !

Viens donc si tu l'ose ! Nous t'attendons de pied ferme ! C'est pour te voir au réveil que nous venons de gravir le toit de ton pays !





Il nous nargue. Colorant les nuages qui sont venu le couronner d'or.
Nous retenons notre souffle.
...
Il est là.





Le sentiment que nous ressentons tous est immense. Avec le soleil, nous renaissons. Pas de fatigue. Le froid est balayé, transpercé par mille rayons dorés. Ce qui avant n'était que pénombre prend couleurs et formes. Les gens au traits tirés esquissent maintenant des sourires profonds. La joie emplit nos coeurs. Nous l'avons fait ! Comme délivrés d'un immense poids nous admirons ton ascension, nous qui avons terminé la nôtre. Tu resplendis dans un ciel pûr d'un bleu intense et enflamme nos sens.





Nous pouvons maintenant apercevoir à l'horizon une montagne, un lac, une ville, et une infinité de splendeurs.



Maintenant qu'il est debout nous pouvons profiter un peu... On passe devant les boutiques (et on s'y arrête éventuellement pour acheter un chocolat chaud en cannette) :



Un tour au cratère pour voir de quoi il a l'air :



On en profite pour réaliser un petit rêve, on se la pète un chouilla :




Bref, on profite pleinement de ce moment unique. Mais il va bien falloir redescendre...

Si vous pensiez qu'on allait descendre par le même chemin, vous vous trompez, tout est organisé au Japon, souvenez-vous ! Nous allons donc prendre un autre chemin et les pires ragots courent à son sujet. En tout cas je sais que d'expérience les gens pensent que la descente sera plus facile mais qu'elle s'avère être plus éreintante. C'est sans doute le fait de se dire que dans moins de 4 heures nous serons arrivés au parking qui rend si optimiste...

La descente consiste en un large chemin, totalement fait de gravas volcanique de taille variable (limite sableux par endroits), enchaînant les virage en épingle jusqu'en bas. Le problème étant que, et on s'en rend vite compte, ÇA GLISSE !!! Aussi n'est-il pas rare de devoir étouffer un rire légèrement sadique quand un enfant ou une personne âgée se casse la gueule à vos cotés. Des groupes se forment donc, avec une vitesse proportionnelle à leur aisance sur ce terrain à risques, prenant tout ou partie du chemin, et vous empêchant plus ou moins de passer.



Une technique dorénavant brevetée pour la descente consiste à courir. Ça parait risqué à première vue mais en fait avec la vitesse, la couche de caillasses s'apparente de plus en plus à de la neige sur laquelle on peut slalomer en dérapant. Alors bien sûr d'aucuns dirons que ça fait de la poussières et que ça enfumes les mamies empotées clouées sur place. Mouai, pas faux... On se ravise donc et choisissons de descendre en crabe, changeant de côté régulièrement pour répartir la douleur.

Mi-chemin : PAUSE !



OK, c'est bon, on peut repartir.

Au fur et à mesure que nous dévalons la pente, la roche oscille entre les tons noirs, rouges, gris, marrons et même des fois un peu jaunes. Puis petit à petit c'est le retour de la végétation qui se fait remarquer... Un passage dans la forêt, un dernier regard vers le sommet (pas peu fier le regard !) et nous revoilà au parking.


Les pieds laminés, les genoux en bouillie, fatigués, mais au combien heureux, nous pouvons rentrer...







PS : Peut-être trouverez-vous que j'en ai trop fait. Peu m'importe. C'est ainsi que je l'ai vécu dans mes souvenirs et ce que j'espère c'est que ceux qui étaient avec moi ce jour là se retrouvent également dans ce récit. (Comme d'hab n'hésitez pas à me laisser des commentaires ;p)

PS2 : Je recommande fortement d'aller faire un tour sur l'album Picasa qui comporte bien plus de photos que ce modeste aperçu.

vendredi 19 février 2010

Résurrection

Gniark Gniark Gniark !
Je vous entends bandes de mauvaises langues : vous pensiez que ce blog étais mort, que mes promesses resteraient des paroles en l'air et que je ne terminerai point ce que j'ai commencé ici ? Foutaises ! Me voici de retour pour vous narrer la fin de mes aventures nippones et c'est maintenant assis dans un nouveau bureau que je vous écris ces quelques lignes !

Car oui je confesse : la flemme m'a pris, la non-motivation m'a aggripé pour ne plus me lâcher et le temps en a profité pour filer à une allure folle !
Rendez-vous compte... Plus de 4 mois à ne rien faire, à me lever tard, faire des vaisselles, ranger ma chambre et traîner en yukata (quand il faisait bon du moins, histoire de frimer un peu intérieurement) dans un appartement où la télévision était sans doute ce qu'il y avait de plus vivant. Et pourtant je n'avais le temps de rien !
"Lastiko ? Tu devineras jamais : j'ai voulu transférer mes photos sur l'ordi et...
- C'est bon laisse tomber, je passe cette aprem =_=..."
"Lastiko ? Tu sais pas quoi ? figure toi que hier j'ai essayé de faire des gauffres et depuis je n'ai plus internet !
- Ok, je passerai demain =_=..."
"Bonjour Mr Vanden'bruuke ? Je voulais savoir si vous étiez intéressé par le témoignage de Jéovah ?
- Vous savez où vous pouvez vous le mettre mon témoignage (*o*#)?
- BIIIIIP... BIIIIIP... BIIIIP..."

Bref du temps perdu vous dis-je ! Mais me revoilà avec un boulot tout neuf et des collègues dont les pauses café me déculpabilisent de tapoter frénétiquement ma résurrection sur le clavier.

Qu'on se le dise : mon blog n'est pas mort, et si j'ai quitté le Japon pour mes montagnes et ma mer, le Japon lui ne m'a toujours pas quitté !

またね!(À la prochaine !)