mardi 22 mars 2011

Ballade en solo à Enoshima

[EDIT : il semblerait que les faucons dont je parle n'en soient pas... On me souffle dans l'oreillette que ce seraient des "milans"...]

Mon dernier weekend au Japon était là. Devant moi. Qui m'accompagne ? Personne. Faut dire que la météo n'est pas très engageante et qu'ils ont encore le temps, eux. Tant pis pour eux. Seul je serai plus rapide, seul je serai plus libre, seul ça sera mieux. Enoshima, bouge pas, j'arrive.



Un sentiment particulier donc pour cette avant-dernière sortie. Une certaine nostalgie m'enveloppe et tout prend une saveur de dernière fois. Dans mon sac, de quoi payer, de quoi jongler, de quoi immortaliser. Sur mon sac, j'utilise les lanière latérales pour ficeler un parapluie pour à la fois ne pas avoir à le tenir et aussi pouvoir le dégainer à la moindre gouttelette de pluie comme un samouraï qui a senti approcher son assaillant, mais en moins classe. Mon pas se fait pressant. J'ai une journée entière pour découvrir cette île mais pas plus, et je dois être de retour sur Tokyo dans la soirée pour festoyer entre amis. Après le métro et le train je débarque et me dirige vers le pont qui me conduira à Enoshima. En dessous, des japonais sont en train de démarrer un barbecue les pieds dans le sable noir de la plage. À coté, d'autre s'en donnent à coeur joie sur leur scooters des mers et enchaînent les pointes de vitesses avec des demi tours éclairs. Au dessus, le pont est divisé en 2 partie : une pour la route et l'autre pour les piétons.



Une fois arrivé sur l'île j'amorce ma promenade. Guidé par les quelques panneaux j'entame un tour de l'île au feeling qui me conduit de temple en panoramas, de jardins en plages. L'île a beau être petite elle est très diversifiée. Quand on arrive on trouve toutes sortes de boutiques, une station de balnéo qui a les pieds dans l'eau, et puis une route qui monte jusqu'à un grand escalier. Cet escalier lui vous amène au premier temple et vous envoie vers d'autres chemins à travers les arbres, par de petits sentiers en terre, et de longs escaliers où les quelques personnes qui ont aussi eu le courage de braver la grisaille soufflent en montant pendant que vous descendez en courant. Par ci par là un vue saisissante sur des falaises, de petites criques, et la mer.



Niveau faune l'île n'est pas en reste non plus. Si vous levez les yeux vous verrez très vite que l'on vous surveille. Des faucons tournent au dessus de l'île et se jettent sur la nourriture que des passants auront eu le malheur de laisser sans surveillance. Quant aux buissons, mieux vaut ne pas trop s'en approcher si vous êtes arachnophobe. De belles et larges toiles relient entre elles branches et feuilles et soutiennent le poids d'araignées rayées de jaune qui couvriraient aisément la paume de votre main si elle se donnaient la peine de tendre leurs 8 pattes. Enfin, au sol, on trouve des tortues dans de petits bassins et quelques chats dont certains peuvent être très câlins. L'envie m'a pris d'aller en photographier un de plus près et il n'en a plus fini de ronronner et réclamer des caresses, jusqu'à ce qu'une dame passe le grillage elle aussi et vienne lui donner des croquettes sorties de son sac et préparées dans un petit sachet, juste au cas où.



Après avoir traversé le petit temple à l'entrée de l'île, je suis parti vers un petit jardin très joli où j'ai enfin pu shooter correctement un de ces grands papillons noirs que l'on croise régulièrement au Japon (ils sont supposés être des messagers de la mort), puis je suis passé par Miami Beach juste pour la frime et enfin je suis monté au sommet de l'observatoire qui surplombe l'île pour un panorama à 360° sur les faucons et leur ballet incessant, la côte et Enoshima toute entière. Après moult essais de photos floues sur les faucons (pourraient pas faire un peu de vol stationnaire bordel ???) et une vidéo je suis reparti par mon petit parc, j'ai repris les sentiers et me suis retrouvé dans un petit temple tout vide.

L'impression était bien différente de d'habitudes où les temples sont imposants et remplis de visiteurs. Là une seule personne est venue prier dans l'obscurité. Je me suis même demandé si j'avais le droit d'être là, alors j'ai demandé : oui. J'ai enlevé mes chaussures et suis monté sur le parquet au-dessus duquel pendaient d'innombrable lanternes. Sur le coté des fenêtres fournissaient une lumière qui, en se reflétant sur les lattes brillantes du plancher, suffisait tout juste à éclairer les détails de la pièce. J'ai pris le temps d'observer ce lieu qu'on aurait dit inconnu des circuits touristiques, un air de rien qu'à moi, ses statues, j'ai pris quelques photos en essayent de ne pas déranger la dame venue se recueillir, et je suis reparti apaisé.


J'ai donc repris mon chemin vers des lieux plus remplis de mes homologues promeneurs, je suis passé par l'arbre sacré (bien qu'on l'ai décapité), le dragon qui garde sa grotte, la grille et ses cadenas à prières, le tout accompagné par quelques gouttes de pluies et mes amies octo-membrées que je misérais à prendre en photo. Oui car mon appareil de l'époque n'avait pas de mise au point manuelle, et prendre en macro une bestiole suspendue sur un truc élastique par mauvais temps ça relève du défi ! Seule solution qui a fonctionné pour moi : faire la mise au point sur ma main puis placer l'araignée à la même distance pour l'avoir nette = pas simple...

Après tout ça, ça commençait à faire un bail que j'avais quitté la guesthouse et que je vadrouillais, il me fallait donc une pause restauration. Le temps de comparer les menus et les prix et je me suis décidé pour un ramen dans un restaurant à flanc de falaise. Vue sur les nids de faucons, les rochers de la côte, les pêcheurs, et la promenade qui faisait le tour de l'île : OK, c'est là bas que je finirai ma ballade une fois le ventre plein. Sur la table face à moi une petite machine m'intrigue. Fente bien en vue, il semble que l'on puisse en l'échange de quelques yens obtenir une petite bille contenant les détails de notre avenir. AWESOME ! J'en prend une ! Je mets la pièce, tourne la poignée et je... Je disais donc je tourne la poignée et... Raaaahhhh mais comment ça marche ce truc ! Tenez, mademoiselle la serveuse volez donc à mon secours... Ah vous voyez c'est pas moi, elle ne marche pas ! Il aura fallu plusieurs allers et retours de cette adorable serveuse avec à chaque fois une nouvelle pièce et une nouvelle machine pour que je puisse enfin récupérer ma petit bille jaune. Merci m'dame. Mon ramen arrive aussi : itadakimasu (= bon appétit) ! Mon avenir ? Vous verrez bien.


J'ai donc fini mon bol de nouilles puis, comme prévu je suis descendu sur la promenade le long du bord de mer. Le temps d'aller me promener sur les rochers avec les pêcheurs, de prendre quelques photos et ça y était, je pouvais désormais cocher Enoshima, c'était fait. Alors j'ai retraversé le pont salué de haut par mes amis rapaces et, le sourire aux lèvres, j'ai quitté l'île.

Seulement il n'était pas si tard que ça et content de ma journée en autonome je me suis dit qu'il y avait encore une chose que je pouvais faire puisque j'étais seul. Je suis descendu sur la plage de sable noir, presque déserte, j'ai posé mon sac et en ai sorti le seul matériel dont je ne m'étais pas encore servi : mes 5 balles. J'ai jonglé là, face à la mer, quelques voiles au loin dans l'horizon, et de temps en temps un ou 2 promeneurs venai(en)t voir ce que ce drôle de blanc bec foutait là.

Je profite de l'instant, mes amis. Je profite.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Très jolie comme île. Par contre, tes "faucons", je pense que ce sont plutôt des milans... Tous les rapaces ne sont pas des faucons ;p